Prévention à l'APRE


Le travail de rue

Nous identifions deux pratiques dans le travail de rue : le travail de rue en tant que pratique du travail social de la prévention spécialisée et le travail de rue comme préambule à l’accompagnement social et éducatif qu’il soit individuel ou en groupe.

Par pratique du travail social, nous entendons à la fois une présence régulière, repérante sur un territoire et une intervention au plus près des personnes, c’est-à-dire, là où elles vivent, dans les lieux qu’elles fréquentent.

Travailler dans la rue relève d’une certaine technicité. Il ne s’agit pas de déambuler de façon hasardeuse, ni d’interpeller aléatoirement la population. En effet, le fait d’entrer en contact avec une personne ou un groupe peut être vécu comme une intrusion, sinon comme une agression. L’éducateur a dans sa mallette un panel d’outils, de stratégies pour entrer en relation avec l’autre. Cet exercice, qui consiste à se rendre dans différents endroits (cage d’escalier, parking, bar...) à différents moments de la journée, nécessite discrétion et disponibilité.

Faire du travail de rue, c’est déplacer son bureau sur le lieu de vie des personnes, saisir les opportunités ; mettre à profit la dynamique de la personne au moment où nous la rencontrons. A chaque fois, il nous faut adapter nos postures et nos pratiques. Cela peut se traduire en remplissant un document sur un banc, en participant à une conversation spontanée ou en menant un entretien sur le vif, un entretien « debout ».

Il arrive aussi qu’un rendez-vous ultérieur puisse être convenu au sein du local ou chez la personne. Différer l’entretien nous permet de mesurer la capacité de la personne à se projeter dans un futur proche, et par là même, de se rendre compte de l’évolution de sa demande. L’entretien est alors replacé dans un cadre plus formel et peut engager un accompagnement plus appuyé de la personne. Le travail de rue prend ainsi toute sa valeur de préalable : établir un lien qui par la suite aboutit à la confiance, confiance qui constitue une condition nécessaire à tout accompagnement.

Cette présence sociale auprès des jeunes et des familles constitue un mode d’action permettant de nouer des relations avec une population qui n’en fait pas la demande. A travers le travail de rue, il s’agit de créer un espace favorable à la création d’un lien ou au maintien du lien avec les publics exclus ou se sentant exclus.

Les éducateurs ont cette disponibilité à l’écoute et à la relation qui permet des discussions individuelles ou en petits groupes. De même, la rue nous permet d’élargir les contacts avec les jeunes, d’être connus et reconnus par eux, de faire le point avec certains ou encore d’engager une relation et de maintenir un lien de confiance avec ceux qui vivent dans une certaine forme d’errance.

Par ailleurs, notre immersion dans l’environnement des jeunes et des familles nous fait appréhender très concrètement les fonctionnements et les dysfonctionnements  propres à un territoire, nous entendons les besoins des populations, repérons leurs caractéristiques et leurs potentiels, observons les premiers indices d’une problématique émergente, toute connaissance qui peut fournir aux institutions partenaires une représentation plus fine et plus juste des quartiers et de leurs habitants.


L’accompagnement social, éducatif, individuel et familial

Accompagnement vient de l’ancien français : copain, « avec qui on partage le pain ». Accompagner ou « prendre pour compagnon » implique une notion de partage. Cette démarche active comporte une notion de fraternité, de proximité, de solidarité. En prévention spécialisée, par les principes d’absence de mandat et de libre adhésion du sujet, nous sommes fréquemment « choisis pour compagnon ». En d’autres moments, il nous arrive de susciter ou de soutenir ce choix. Il n’est d’ailleurs pas rare que les jeunes choisissent au terme de quelques mois d’accompagnement de prendre de la distance vis-à-vis des éducateurs. Ils peuvent « disparaître » et « ré-apparaître » ensuite avec un autre questionnement, une autre problématique et le souhait de refaire « un bout de chemin ».

Cet accompagnement individuel, nous le voulons fondé sur la croyance et la capacité de l’autre, sur l’accueil de sa parole, et de ce qu’il est en son entité. Peut alors commencer un travail d’écoute et de reconnaissance de l’Autre dans sa dimension positive, créative, lumineuse et dans sa dimension faillible, entravée, « cassée » quelquefois.

Cet accompagnement peut revêtir diverses formes d’intervention : l’entretien lui-même (formel ou informel), l’accompagnement concret lors de démarches, le repas où l’espace convivial va donner lieu à un échange plus spontané.

Dans ces différentes interventions, l’éducateur devra écouter, recevoir, observer, évaluer, doser et ajuster ses attitudes, ses réponses.

Une définition de M. Capul et M. Lemay nous semble refléter cette réalité « d’être toujours à la limite » :

Dans sa fonction d’accompagnement, « L’éducateur tente de se situer comme sorte de médiateur entre le sujet et son environnement. Dans le respect et l’écoute de l’autre, et tout en sachant qu’il doit parfois poser des limites, il veut être à la fois suffisamment présent – « utile » pour devenir significatif, et suffisamment distancié pour ne pas imposer « sa direction ». Il faut sans doute dire qu’il y a là une situation bien paradoxale puisqu’il est « payé » pour éduquer (c’est-à-dire pour participer activement à la construction d’un être humain) et qu’il craint, non sans raison, une sorte d’abus de pouvoir.... ».


Le travail de groupe et l’accompagnement collectif

Le travail auprès des groupes occupe une place à part entière, entre accompagnement individuel et intervention d’intérêt collectif.

Le champ d’intervention s’intéresse à la personne, personne contextualisée dans une histoire, un territoire, vivant en interaction avec d’autres, sujet singulier et sujet social.

Il contribue à la prise de conscience de la différence de chacun et sur le fait de revaloriser chaque personne.

En prévention spécialisée, le travail auprès des groupes s’adresse aux jeunes, aux familles, aux habitants… Les domaines abordés dans ce type de travail restent les mêmes qu’en démarche individuelle, insertion professionnelle au moyen des chantiers éducatifs, vie quotidienne, projets de vacances, vacances familles, parentalité.

Le groupe au service de l’individu

Le groupe, considéré comme système d’aide mutuelle, sous-entend qu’il va travailler à atteindre des objectifs liés à la résolution des problèmes communs, grâce à la diversité des moyens et des voies qu’il peut utiliser.

Le groupe dans sa dimension éthique est conçu comme un lieu de respect, d’écoute, de débats et d’action.

Il faut que s’établisse un réseau d’échanges : temps de parole et d’action, moment de convivialité, phases modulées d’échanges contradictoires pour établir une nouvelle communication.

Le groupe est un lieu de socialisation : lieu d’échanges, chacun apprend à se situer l’un par rapport à l’autre ; on parle d’un véritable miroir.

Il permet l’apprentissage de multiples fonctions inhérentes à la vie collective.

L’individu au service du groupe

La personne participant à un groupe de travail social est pressentie pour devenir membre du groupe, c’est-à-dire qu’elle s’engage dans un processus de groupe démocratique.

C’est l’investissement personnel réalisé dans le groupe que cherche à susciter l’éducateur de prévention spécialisée, préoccupé de restaurer du lien social et donc de réaffiliation de personnes en perte de signification personnelle.

L’éducateur avec le groupe : Nous acceptons d’occuper une autre place dans le jeu de rôles « aidant-aidé » et de développer une posture telle qu’elle puisse modifier les représentations qu’ont de nous les usagers (et nous, d’eux !), habitués à des pratiques assistentielles.

Notre place est au sein des groupes et non à l’extérieur face au groupe.

Si nous nous devons de garder une posture naturelle, authentique sans formalisme, nous agissons toujours en tant qu’éducateur, en nous appuyant sur un répertoire de compétences pour aider la personne à s’inscrire ou se réinscrire dans un espace collectif, se socialiser et contribuer ainsi à restaurer une image positive d’elle-même.

Nous sommes garants des règles de fonctionnement du groupe pour que les objectifs fixés soient atteints.


Le travail institutionnel et partenarial

Le travail de prévention spécialisée ne peut trouver son efficacité que dans le cadre d’un travail en réseau. En effet l’éducateur n’est pas une personne isolée qui serait imperméable à d’autres formes d’intervention sociale. Au contraire, il nécessite par définition la coopération entre différents acteurs intervenant dans les champs divers, dans des institutions diverses.

Cela suppose une mutualisation de savoir-faire pour mener à bien les objectifs qui sont assignés aux équipes éducatives.

Ces objectifs s’inscrivent dans une approche globale avec un centrage sur la personne et non sur un symptôme.

Dans notre travail au quotidien, le partenariat trouve une place importante dans l’accompagnement individuel et collectif. Notre réseau partenarial est le résultat de différentes rencontres avec les partenaires, d’échanges, de dialogue qui ont abouti à une confiance réciproque, nécessaire au fonctionnement de notre réseau.

Notre partenariat se veut complémentaire avec le respect des missions de chaque intervenant social.

Chaque partenaire a un rôle à jouer en fonction de ses propres missions mais aussi en fonction de celles des autres acteurs sociaux, cela afin d’optimiser le travail en commun et surtout d’apporter une certaine cohérence dans les actions menées ensemble.

Le partenariat avec la commune se situera à différents niveaux :

  • contractualisation du partenariat institutionnel,
  • aide à une autre connaissance des quartiers,
  • aide à la prise de décision,
  • croisement des regards sur les populations des quartiers,
  • collaboration sur des projets collectifs (réhabilitation, fonds destinés aux participations des habitants).
  • Présentation du travail institutionnel et partenarial

En 2009, l’accent a été mis sur un partenariat de projet au regard du diagnostic de territoire à travers trois actions :

  • Les Vacances Familles :

Des rencontres partenariales avec l’Assistante Sociale de secteur ont eu lieu, ces rencontres ont principalement porté sur des problématiques individuelles.

A travers l’action « Vacances Familles », un nouveau partenariat s’est créé avec les Assistantes Sociales qui nous relaient des familles vers ce dispositif. Nous avons passé une journée sur place pour rencontrer ces familles avec les Assistantes Sociales et leur faire des propositions pour les prochaines vacances d’été.

  • Projet justice :

Dans le cadre de ce projet et suite à un diagnostic partagé par les équipes de Saint-Pierre-Lès-Elbeuf et Caudebec-Lès-Elbeuf, des rencontres entre jeunes et professionnels de la justice (avocats et juges Prud’homaux) ont eu lieu.

Les rencontres se sont déroulées en petit groupe afin de faciliter la parole et le questionnement des jeunes. Les débats se sont rapidement axés sur les rapports conflictuels avec la police et les droits des citoyens. Nous avions préparé les questions en amont, permettant ainsi d’orienter les débats sur d’autres sujets tels que les fonctions des différents professionnels de la justice (avocat, juge, magistrat, greffier...).

C’est à partir de ces réflexions et ces interrogations qu’est née l’idée du projet de « théâtre forum ».

  • Théâtre forum et débat :

L’objectif de ce projet était de dialoguer avec un large public, jeunes mais aussi parents, sur la représentation de la justice. La mise en place de ce projet a permis la création et la coordination d’un partenariat multiple : Mairie, Service Jeunesse, Collectif Parentalité « Par’envol », Maison de la Justice et du Droit, Association mise en jeu, Maison des Jeunes et de la Culture, Collège (pour diffuser l’information).

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